Adieu les enfants


2007 à 2009

ADIEU LES ENFANTS
Serge Klarsfeld

Direction artistique : Isabelle Hurtin et Lionel Erpelding
Musique de Alexandre Raskatov
Chant : 
Lara Bilger 
Piano : Mathieu Prévot
Percussions : Youval Micenmacher
Film, peintures, photos : Aurélia Vartanian
Lumières, régie : Jean-Marc Hennaut
Attachée de Presse : Isabelle Muraour

Et 12 interprètes : Marion ABECASSIS, Alice BLETON, Laetitia GARRIER, Salomé GUMPLOWICZ, Delphine LAMUSSE, Ambre MATTON, Joséphine PY, Marina ZARNA, Lounes ADJROUD, Jules AUDRY, Mathieu LEFRANC, Mathieu PREVOT

Représentations :

- Le 11 mars au Conservatoire de Buc
- Le 29 mars à L’Espace St Jo à Clamart (92140)
- Le 18 mai au Théâtre de L’Atalante (75018)
- Du 18 au 28 juin au Théâtre des Variétés (75009)
- Le 11 novembre à l’Auditorium du Conservatoire de Clamart (92140) pour « Fêtes et Cérémonies » de la Mairie de Clamart.
- Le 17 février à Scène Nationale d’Orléans (2 représentations) / CERCIL
- Le 23 février à Montpellier (Montferrier).
- Le 24 février à Perpignan / Camps de Rivesaltes (Toulouge).


En partenariat avec le CRD de Clamart, l’aide de la « Fondation pour la Mémoire de la Shoah », la « Fondation La Poste », le Conseil Général des Hauts-de-Seine, Le soutien de l’APEAC, et la coproduction de Raphaël Meyer .
Adieu les enfants a obtenu le prix spécial « Awards de Clamart 2008 »


Des enfants raflés, déportés, jamais revenus …Ils étaient français, Ils étaient juifs. Des lettres d’enfants lancées à la volée, malgré la liberté bafouée. Elles expriment la volonté de rassurer, la fraîcheur de ces âmes «volantes». Relater l’histoire, cette histoire n’est pas facile. Celle-ci est UNIQUE. Que l’on entende le murmure du passé dans le présent et l’avenir. Aujourd’hui beaucoup d’enfants bien vivants vivent des tragédies différentes, mais réelles. 
Que leurs sourires vivent.




Extrait :


JACQUES LUBETZKI , 21 ans 
Résurrection.

"Et les Hébreux marchaient, guidés
La nuit par six colonnes de flamme
Et le jour par six colonnes de fumée."


Et cela se passait en des temps très anciens, lorsque les tribus des Hébreux se harassaient à travers la Palestine, vers la Terre promise. Mais il y a bien peu de temps, sur le plateau de Haute-Silésie, les tribus des Hébreux de partout, de France et de Russie, de Tchéquie et de Belgique... pouvaient voir s'élever, le jour, six colonnes de fumée. Et cela représentait, s'élançant vers le ciel, les âmes d'enfants et de vieillards, de femmes et d'hommes brûlés, morts et vifs, dans six fours crématoires. Et parmi ces Hébreux, onze mois, j'ai vécu ; j'ai vécu, si l'on ose dire, car nous étions lit­téralement morts vivants. Maintenant que tout cela est fini, et bien fini, je me demande parfois si je n'ai pas rêvé être descendu, une nuit, chez Satan, et si cette nuit ne m'a pas semblé durer un an ; parfois, maintenant que je fais à nouveau partie du monde civilisé, ou qui prétend l'être, je me demande si je ne vais pas me réveiller en habit rayé, au bagne ; je me demande si cela est vraiment fini... 

Cependant, si je suis sorti des enfers, si j'ai échappé à la fureur des démons, ceux qui m'ont donné le jour, ceux dont les veines étaient gonflées du sang qui bouillonne dans mon cœur, ont péri dans cette fournaise ardente qui, trois années durant, ne s'est jamais éteinte. Alors le soir, au lit, lorsque tout dort, je pleure…Je serre les poings et les dents, et, au lieu de regarder la misère passée, 

je regarde la page lumineuse et blanche que l'avenir ouvre devant moi, et je veux y inscrire une vie sûre et droite, je veux vivre, aimer, servir, aider tout de même. 

Jacques Lubetzki s’est suicidé le 20 novembre 1950 à Paris.


Presse :




Martine Silber
Des lettres pour ne pas oublier LE MONDE | 27.06.08


Derniers jours, du moins pour le moment, pour aller voir Adieu les enfants, qui s'arrête le 28 juin. Ce spectacle qui avait été programmé au Théâtre du Gymnase, avec l'espoir de prolongations, a été déprogrammé une dizaine de jours avant le début des représentations et a trouvé refuge au Théâtre des Variétés, à Paris. Alors, pas d'affiches, pas ou peu de presse pour ce spectacle presque furtif qui ne se sera donc joué que dix jours, et c'est fort dommage. 
Adieu les enfants n'a rien à voir ou presque avec Au revoir, les enfants, le film réalisé en 1987 par Louis Malle. C'est parce que sa fille avait été voir l'exposition de photos en hommage aux enfants juifs déportés, à l'Hôtel de Ville de Paris, en avril 2007, que la comédienne Isabelle Hurtin a eu connaissance du livre de Serge Klarsfeld, Adieu les enfants (éd. Mille et une nuits). Elle l'a donné à lire aux élèves d'art dramatique du conservatoire de Clamart, où elle est intervenante, en leur demandant s'ils auraient envie d'en faire un projet théâtral.

11400 ENFANTS JUIFS DÉPORTÉS


Ils ont donc lu les lettres qui composent ce recueil, écrites par des parents mais surtout par des enfants de leur âge, âgés de 6 à 15 ans lorsqu'ils ont été arrêtés, séparés de leurs familles, enfermés au Vel'd'Hiv', internés à Pithiviers ou à Beaune-la-Rolande, ou pire encore à Drancy. 11 400 enfants juifs ont été déportés, en France.

Ces enfants d'aujourd'hui ont répondu avec enthousiasme. Ils ont choisi chacun sept ou huit lettres et ont travaillé deux fois par mois depuis septembre 2007. Puis le rythme s'est accéléré jusqu'à leur première, le 11 mars. Une maman, Isabelle Hurtin, un papa, Lionel Erpelding, leur donnent la réplique.

Des compléments visuels (dus à Aurélia Vartanian) et musicaux (improvisations et percussions de Youval Micenmacher et compositions d'Alexandre Raskatov) apportent ce qu'il faut d'obscurité et d'étrangeté. Car il n'y a pas de pathos, pas de morbidité, les enfants du XXIe siècle sourient souvent, jouent, mais savent aussi transmettre l'espoir, la résignation, la peur et l'immense solitude de ces gamins qui auraient pu être leurs grands-parents. 


BILLET EN LIGNE - GUY FLATTOT - 18 JUIN-
France Inter « Mr Guy » -Laure Adler-


Plus de 11 000 enfants de quelques mois à 18 ans furent déportés de France et seuls quelques adolescents en revinrent. 

Marion, Laetitia, Salomé, Delphine, Ambre, Joséphine, Marina, Lounes, Jules, Mathieu, Lionel, Lara, Youval, Aurélia, enfants, comédiens, chanteuse, musiciens, peintre, jouent et incarnent les derniers mots d'enfants arrêtés, déportés. Mots écrits à la hâte, mots d'appel, de détresse, d'adieu. Berthe, Marcel, Roger, Suzanne, Paulette, Jeannette, Gérard, Jacques, Anja ont été arrêtés dans leur élan de vie. Comme tous les enfants ils grandissaient entre jeux et devoirs. Et puis un jour le devoir des bourreaux, des hommes aux ordres leur a annoncé qu'ils ne jouaient plus, qu'ils n'étaient plus des enfants. 

Aujourd'hui certains en sont à nous resservir le devoir, celui de mémoire, accompagné de la pose de l'émotion et des bons sentiments. D'autres travaillent comme Isabelle Hurtin et sa compagnie à réintroduire du jeu, du vivant là où la mort et ses commis ont régné et règnent encore. Dans la présentation de son projet, Isabelle Hurtin nous dit : " Pour ma part, il n'existe qu'une seule façon d'exprimer des sentiments de révolte, d'espoir et de vigilance, c'est l'art que je pratique depuis des années: le théâtre." Des intentions à la réalité, elle a franchi le pas de forte et belle manière. J'enrage de savoir que ce spectacle n'est programmé que dix jours.





Edouard Drommelschlager
Fils de Lucia.
Etaient présents ce jour-là Serge et Béathe Klarsfeld.
23 juin 2008,


« Nous avons été très touchés par le spectacle, si beau et si bien joué. Votre façon de lire la lettre d'Édouard et surtout, votre regard, doublé du sourire dans lequel vous l'avez enveloppée m'a fait croire, le temps de l'entendre, à un souffle de l'au-delà (c'est sans doute bête à dire, mais j'ai ressenti en vous écoutant, par-delà les mots, tout l'amour de sa maman pour lui). Je connais cette lettre par cœur et cependant, j'ai pleuré en l'entendant.....Édouard lui aussi en a été bouleversé, comme il l'écrit dans son mot du livre d'or.

Je vous joins quelques photos, tout en vous priant de m'excuser pour leur piètre qualité. Mon appareil réagit mieux à la lumière du jour.....
A bientôt je l'espère, et encore une fois bravo.
Bien à vous,
Catherine et Edouard »