2011-2012
10° DE LONGITUDE EST, LA FUITE
de Bertold Brecht
D’après Baal - musique de David Bowie -
Et Le Cercle de craie Caucasien - musique de Paul Dessau -
Éditions L’ARCHE
Musique de David Bowie et Paul Dessau
Direction artistique : Isabelle Hurtin
Scénographie : Mathieu Lefranc
Lumières, régie: Jean-Marc Hennaut
Direction musicale et vocale : Lionel Erpelding
Arrangements musicaux du « Cercle de Craie... » : Elsa Filipe
Arrangements musicaux de « Baal » : Jean-Marc Khawam
Direction artistique des répétitions musicales : Christian Erbslöh
Mana Fukui : piano
Frederic Chevrier : percussions
Tatiana Gendroneau : flûte à bec
Jean-Marc Khawam : guitare
9 interprètes : Charlotte Gonzalez Sala, Jennifer Mountou, Lucie Tarrade, Morgane Vallée, Salomé Gumplowicz, et Jean-Marc Khawam, Jérôme De Courcelles, Louis Affergan, Maximilien Balland.
BAAL
Baal (1918, dernière version de 1955) est un texte de jeunesse. Il raconte la vie dénuée de sens d'un jeune poète maudit, Baal, brûlant la vie par tous les bouts, cherchant à combler un vide existentiel, il se nourrit de sexe et de poésie. C’est un personnage bestial, taciturne et provocateur. Les deux grands acteurs de la pièce sont le sexe et le paysage : « les corps blancs » et le « ciel violet ». Le poète Baal consomme le monde, détruit la bien-aimée, l’ami, se cherche, se fuit …
PERSONNAGES :
BAAL, poète lyrique
MECH, négociant et éditeur
EMILIE, sa femme
LE DOCTEUR PILLER, critique
EKART
LOUISE, serveuse
SOPHIE BARGER
LE RÔDEUR (MAYA)
GOUGOU
LE VIEUX MENDIANT
MAYA, la mendiante ( BOLLEBOLL)
LA JEUNE FEMME
WATZMANN
CHARRETIERS
BÛCHERONS
Extrait:
Baal
Lorsque Baal grandissait dans le sein de sa mère,
Déjà le ciel était très grand, calme et si pâle
Et jeune et nu et formidablement étrange,
Et tel que Baal l'aima, lorsque Baal se montra…
Si Dieu existe, ou bien s'il n'y a pas de Dieu,
Peut, tant qu'existe Baal, lui être bien égal,
Mais un point sur lequel il ne faut pas blaguer,
C'est s'il y a du vin ou s'il n' y en a pas.
…
Baal guigne vers là-haut les plus gras des vautours,
Qui guettent dans le ciel le cadavre de Baal.
Parfois il fait le mort. Un vautour fond dessus.
Et Baal, muet, mange un vautour pour son dîner…
Et quand il pourrissait dans le noir de la terre,
Le ciel était encor grand et calme et si pâle,
Et jeune et nu, formidablement admirable,
Et tel que Baal l'aimait, lorsque Baal existait.
PERSONNAGES :
ARKADI TSCHEIDSÉ, chanteur.
NATELLA ABASCHVILI, la femme du gouverneur.
MICHEL, leur fils.
SIMON CHACHAVA, soldat.
GROUCHA VACHNADZÉ, fille de cuisine.
LES MENDIANTS ET LES SOLLICITEURS.
LES DOMESTIQUES, VALET.
NIKO MIKADZÉ, MIKHA LOLADZÉ, médecins.
LA TROISIÈME FEMME DE CHAMBRE.
UNE CUISINIÈRE.
UN VIEUX PAYSAN qui vend son lait.
DEUX HOMMES D'ARMES : CHOTTA, TÊTE DE BOIS / CHAUVA.
UNE PAYSANNE
PREMIER HOMME.
UNE MARCHANDE.
LAURENTI VACHNADZÉ, frère de Groucha.
ANIKO, sa femme.
YOUSSOUP, mari de Groucha.
AZDAK, écrivain de village : le juge.
ILLO SCHOUBOLADZÉ, avocat.
LE CHANTEUR :
La ville est silence.
Sur le parvis les pigeons se pavanent.
Un soldat de la garde du palais
Plaisante avec une fille de cuisine
Qui remonte du fleuve avec un paquet.
Un paquet fait de grandes feuilles vertes sous le bras, une servante veut entrer par la grand-porte.
LE SOLDAT : Quoi, la demoiselle n'est pas à l'église, elle fait la messe buissonnière ?
GROUCHA : J'étais déjà habillée, quand il a manqué une oie pour le repas de Pâques, et ils m'ont priée d'aller la chercher, parce que les oies, je m'y connais.
LE SOLDAT : Une oie ? (Feignant la méfiance :) Il faudrait d'abord que je la voie, cette oie. (Groucha ne comprend pas.) Avec les femmes, il faut être prudent. On dit : « Je suis juste allée chercher une oie », et puis c'était tout à fait autre chose.
GROUCHA marche hardiment vers lui et lui montre l'oie : La voilà!
LE SOLDAT : Une vraie reine, cette oie ! Celle-là, c'est le gouverneur lui-même qui va la manger. Et alors la demoiselle était encore à la rivière ?
GROUCHA : Oui, près de la cour aux volailles.
… / …
Groucha : Michel, il faut nous séparer. On est assez loin de la ville. Ils n'en auront pas assez après toi, petit bout de chou, pour qu'ils te poursuivent jusqu'ici. La paysanne a l'air gentil; et respire comme ça sent le lait. Alors, bonne chance, Michel, moi, je dois rentrer; car mon grand ami, le soldat, pourrait revenir bientôt, lui aussi; et alors faudrait-il qu'il ne me trouve pas ?
Qui guettent dans le ciel le cadavre de Baal.
Parfois il fait le mort. Un vautour fond dessus.
Et Baal, muet, mange un vautour pour son dîner…
Et quand il pourrissait dans le noir de la terre,
Le ciel était encor grand et calme et si pâle,
Et jeune et nu, formidablement admirable,
Et tel que Baal l'aimait, lorsque Baal existait.
… / …
Bûcheron :
« Je lui ai demandé, quand il râlait déjà de l’arrière-gorge : À quoi penses-tu ? Je veux toujours savoir ce qu’on pense alors. Là, il a dit : J’écoute encore la pluie. Mon dos est devenu de la chair de poule. J’écoute encore la pluie, disait-il. »
1 L’auguste enfant
2 La fuite vers les montagnes du Nord
Le Cercle de Craie Caucasien (1955) est un de ses derniers textes. Au cours d'une insurrection, la servante Groucha trouve un enfant. On voit comment elle se sacrifie pour l'élever. Comment elle est contrainte de se marier contre son gré et de trahir ainsi son fiancé. La révolution avortée, elle est toujours traquée par les soldats qui veulent désormais rendre l’enfant à sa mère « naturelle ». Elle fuit … Mais Groucha s'est attachée à Michel et le considère comme son propre fils. A qui l’enfant sera-t-il accordé ? Le tribunal, dirigé par le juge poète Azdak, décide d’appliquer l’épreuve du cercle de craie.
ARKADI TSCHEIDSÉ, chanteur.
NATELLA ABASCHVILI, la femme du gouverneur.
MICHEL, leur fils.
SIMON CHACHAVA, soldat.
GROUCHA VACHNADZÉ, fille de cuisine.
LES MENDIANTS ET LES SOLLICITEURS.
LES DOMESTIQUES, VALET.
NIKO MIKADZÉ, MIKHA LOLADZÉ, médecins.
LA TROISIÈME FEMME DE CHAMBRE.
UNE CUISINIÈRE.
UN VIEUX PAYSAN qui vend son lait.
DEUX HOMMES D'ARMES : CHOTTA, TÊTE DE BOIS / CHAUVA.
UNE PAYSANNE
PREMIER HOMME.
UNE MARCHANDE.
LAURENTI VACHNADZÉ, frère de Groucha.
ANIKO, sa femme.
YOUSSOUP, mari de Groucha.
AZDAK, écrivain de village : le juge.
ILLO SCHOUBOLADZÉ, avocat.
Extrait :
La ville est silence.
Sur le parvis les pigeons se pavanent.
Un soldat de la garde du palais
Plaisante avec une fille de cuisine
Qui remonte du fleuve avec un paquet.
Un paquet fait de grandes feuilles vertes sous le bras, une servante veut entrer par la grand-porte.
LE SOLDAT : Quoi, la demoiselle n'est pas à l'église, elle fait la messe buissonnière ?
GROUCHA : J'étais déjà habillée, quand il a manqué une oie pour le repas de Pâques, et ils m'ont priée d'aller la chercher, parce que les oies, je m'y connais.
LE SOLDAT : Une oie ? (Feignant la méfiance :) Il faudrait d'abord que je la voie, cette oie. (Groucha ne comprend pas.) Avec les femmes, il faut être prudent. On dit : « Je suis juste allée chercher une oie », et puis c'était tout à fait autre chose.
GROUCHA marche hardiment vers lui et lui montre l'oie : La voilà!
LE SOLDAT : Une vraie reine, cette oie ! Celle-là, c'est le gouverneur lui-même qui va la manger. Et alors la demoiselle était encore à la rivière ?
GROUCHA : Oui, près de la cour aux volailles.
… / …
Groucha : Michel, il faut nous séparer. On est assez loin de la ville. Ils n'en auront pas assez après toi, petit bout de chou, pour qu'ils te poursuivent jusqu'ici. La paysanne a l'air gentil; et respire comme ça sent le lait. Alors, bonne chance, Michel, moi, je dois rentrer; car mon grand ami, le soldat, pourrait revenir bientôt, lui aussi; et alors faudrait-il qu'il ne me trouve pas ?