Veux-tu manger mon cœur Hamlet?


D’après Hamlet de Shakespeare (1600) et Hamlet Machine de Heiner Müller (1977)

« Hamlet, L'Aiglon et Lorenzaccio, sont des cerveaux hantés par le doute et la désespérance, des cœurs battant toujours plus fort et sans cesse torturés par leurs rêves évocateurs. L'âme brule le corps. Il faut en voyant et en entendant agir ces Hamlet, il faut qu'on ait la sensation que le contenu va faire éclater le contenant… C'est pourquoi je prétends que ces rôles gagneront toujours à être joués par des femmes intellectuelles qui seules peuvent leur conserver leur caractère d'être in sexués, et leur parfum de mystère… » 
Sarah Bernhardt

Direction artistique : Isabelle HURTIN
Marionnettes : Luc LAPORTE
Chant et arrangements : Lionel ERPELDING (d’après les poèmes de Shakespeare de Sting)
Avec : Charlène CONSTANT, Anaïs SEGHIER, Lucie TARRADE et Morgane VALLÉE
En partenariat : la Compagnie du NESS et le CRD de Clamart

Représentations :

- Le 7 juin 2014 à l'Auditorium du CRD de Clamart
- Du 11 au 15 juin 2014 au Théo Théâtre pour le Festival "Les Bonimenteurs".

Quatre jeunes femmes veulent interpréter Hamlet. Elles goutent l’expérience de l’acteur confronté à ce texte, entrent profondément et poétiquement derrière le masque du fou dont ce personnage s’est couvert. Hamlet est-il vraiment amoureux d'Ophélie ? Est-il fou, joue-t-il à être fou, ou devient-il fou à force de jouer au fou ? Est-il un enfant perdu, le prince de la mélancolie, ou un guerrier dressé contre la corruption du monde ?
Les actrices passent du masculin au féminin, inventent des personnages qu’elles manipulent avec des marionnettes, chantent leur mélancolie, refusent de jouer, s’émeuvent devant ce sujet très actuel.

Extraits :

Hamlet :  Mais quel âne je suis ? Et qu’il est admirable
Que moi, le fils d’un très cher père assassiné,
Porté à me venger par le ciel et la terre,
Telle une putain je déballe mon cœur avec des mots,
Et m’abîme à jurer comme une vraie grue,
Une souillon ! Pouah ! Horreur !
À l’œuvre mon cerveau. Hum, j’ai entendu dire
Que des créatures coupables assistant à une pièce
Furent par l’art de la scène
Si fortement frappés à l’âme…
Le théâtre sera
La chose où je prendrai la conscience du roi.   
(Shakespeare)


Hamlet : Je le savais que tu es un comédien. J’en suis un aussi, je joue Hamlet…Ensuite, Ophélie, laisse-moi manger ton cœur qui pleure mes larmes… Son cœur est une horloge…
Ophélie : Je suis Ophélie. Que la rivière n’a pas gardée… Je déterre de ma poitrine l’horloge qui fut mon cœur. Veux-tu manger mon cœur Hamlet ?
Hamlet : Je veux être une femme.  
(Heiner Müller)

Ophélie : "Je suis Ophélie. Que la rivière n’a pas gardée. Le femme à la corde la femme aux veines ouvertes la femme à l’overdose SUR LES LÈVRES DE LA NEIGE la femme à la tête de la cuisinière à gaz. Hier j’ai cessé de me tuer. Je suis seule avec mes seins, mes cuisses, mon ventre. Je démolis les instruments de ma captivité, la chaise, la table, le lit. Je ravage le champ de bataille qui fut mon foyer. J’ouvre grand les portes, que le vent puisse pénétrer et le cri du monde. Je casse la fenêtre. De mes mains sanglantes je déchire les photographies des hommes que j’ai aimés et qui ont usé de moi sur le lit sur la table sur la chaise sur le sol. Je mets le feu à ma prison. Je jette mes vêtements au feu. Je déterre de ma poitrine l’horloge qui fut mon cœur. Veux-tu manger mon cœur Hamlet ?
Hamlet : Je veux être une femme."

Durée estimée : 1h15